Par jojo | lun 24/10/2022 - 17:38
Denise Gourdet. Marseille. 1938.
Denise Gourdet. Marseille. 1938.

Denise Gourdet est née à Paris en 1910 dans une famille d'artisan du XIe arrondissement. Son père Charles possèdait un atelier d'ébénisterie prospère, 21 rue du Faubourg Saint Antoine. L'entrée du bâtiment et toujours visible, mais est maintenant fermée par une porte. Sa mère Blanche Hertrich est la fille de Joseph Hertrich originaire de Mulhouse qui a quitté l'Alsace et opté pour la France après son annexion par la Prusse en 1871. Charles et Blanche ont eu quatre enfants : Denise (Paris 11e, 6 juin 1910 - 23 mai 2003 Eragny/Oise) , Maurice (Paris, 1917 - Marseille 1985), Geneviève (Paris 1919 - Villars Colmars, 2002), Charles (Paris, 1921 - Le Pecq, 2005).

Charles Gourdet meurt en 1921, sauf erreur il est enterré au cimétière parisien du Père Lachaise. Blanche déménage dans le courant des années 1920 à Marseille avec ses quatre enfants et son concubin : Marcel Lucien Georgen, spécialiste des transmissions et nommé receveur à la poste principale de Marseille (Colbert). La famille ainsi recomposée s'installe d'abord à Endoume, un quartier proche de la Corniche, puis dans une villa 40 boulevard Emile Sicard dans le quartier de Saint Giniez, près du Prado. Il est établit que le décés prématuré de son père alors qu'elle avait 10 ans et qu'elle avait beaucoup d'admiration pour celui-ci a été un grand choc psychologique et qu'elle a tenu rigueur à sa mère juqu'au décés de celle-ci de sa situation matrimoniale. Il faut noter que cette situation fit scandale dans la famille de Blanche. Denise en fit les frais lors de son retour dans la région parisienne en 1957, (bien qu'elle ne fut pour rien dans la situation matrimoniale de sa mère.)

Blanche meurt en 1957 à Villars-Colmars (04) où elle est enterrée.

Mariage religieux de Denise et de Louis. Eglise St Giniez. 5 janvier 1939. Marseille.
Mariage de Louis Joseph et Denise Gourdet. Marseille. 5 janvier 1939.

Denise poursuit des études classiques à Marseille au lycée Montgrand, puis des études de droit à Aix-en-Provence. Elle faisait partie d'un cercle d'étude d'allemand, où elle a rencontré Louis, étudiant en droit qui fut ensuite reçu au concours de la magistrature à la novembre 1938, Mariés en janvier 1939 à Marseille, Louis et Denise s'installent à Mulhouse où Louis vient d'être nommé substitut du procureur de Colmar. Elle quitte l'Alsace à l'été 1939 après la déclaration de guerre avec l'Allemagne pour accoucher de l'ainée, Thérèse, à Marseille au mois d'octobre, elle ne voulait pas qu'en cas de naissance d'un garçon et devant les incertitudes sur l'issue de la guerre, un garçon puisse naître sous un régime allemand, elle ne revint jamais à Mulhouse. Louis y exerça son activité jusqu'au printemps 1940 avant d'être incorporé à Lyon, puis à Chambéry, mais il fut démobilisé très rapidement après l'armistice. Cette période de séparation qui correspondit à ce que l'on appela la "drôle de guerre" donna lieu à d'abondants échanges épistolaires entre Louis et Denise, Louis a écrit quasiment une lettre par jour, les réponses de Denise étant plus parcimonieuses. La famille s'agrandit, Jacques né à Lyon le 4 septembre 1941, Odile et Marie-Christine en décembre 1942 et en février 1944 respectivement. Denise suit Louis dans ses différents postes : après Mulhouse : Lyon, Forcalquier, Digne, Saverne (Bas-Rhin), Strasbourg, puis Paris où la famille s'installa à St Leu-la-Forêt au Nord de Paris. Denise est morte à Andrésy (95) en mai 2003. Denise et Louis Joseph sont entérés au cimetière de Saint Leu-la-Forêt.

Villars-Colmars. La maison de Denise Gourdet

Blanche avait acquis au milieu dès 1930, et au nom de ses quatre enfants, héritiers de Charles Gourdet, un groupe de maisons, dont une partie en ruine dans la quartier de Teste, en haut du village Villars-Colmars (Basses-Alpes, maintenant Alpes de Haute Provence), dans la vallée du Haut Verdon. Denise racheta les parts de ses frêres et de sa soeur vers 1938. Ces maisons étaient baties en hauteur sur trois ou quatre niveaux selon l'architecture typique de cette région des Alpes du sud. Comme dans toutes ces hautes vallées de Haute Provence, les villages s'étaient dépeuplés après la première guerre mondiale, des villages entiers furent abandonnés. Une partie des maisons de Denise s'écroulèrent rapidement, ne restèrent debout que trois bâtiments accolés qui furent "retapés" au fil des ans par un maçon local pas très efficace Pancrace Ranini. Le confort y resta cependant assez sommaire, Blanche Hertrich résida avec celui que nous avions surnommé Yaya (Mr Georgen) entre 1939 et 1950 dans une partie du groupe maisons.

Villars devint ainsi le lieu de regroupement de la famille Joseph pour les vacances d'été, pendant plusieurs décennies. La maison fut attribuée à Odile Crespel lors de la succession de Denise en 2003.

Nous (les enfants Joseph) y avons passé pendant plusieurs décennies nos vacances d'été à partir de 1946. Lorsque nous habitions en Alsace, dans l'immédiate après-guerre, le voyage durait 24 heures avec 7 changements de trains et d'autocar : --> Strasbourg, --> Lyon, --> Grenoble, --> Saint-Auban, --> Digne, --> Thorame-gare (Train à voie étroite des Chemins de fer de Provence) , --> Villars-Colmars (autocar de la Compagnie Roux), souvent notre grand-mère nous attendait et nous chargions les bagages sur une charette pour monter à la maison qui se trouvait au sommet du village. Nous nous installions à Villars pendant près de deux mois. Villars était un lieu de villégiature prisé des Marseillais et des Niçois notamment, qui quittaient la chaleur des villes de la Côte. Le quartier de Teste était occupé par des ménages qui avaient eux aussi racheté des ruines qu'ils avaient restaurées. Il y avait dans ce quartier de nombreux enfants de notre âge et nous avons passé là des étés inoubliables, nous formions une bande de copains, les parents s'entendaient bien et les initiatives des uns et des autres permettaient de remplir les journées : jeux, pique-niques, randonnées courtes ou plus longues, cueillettes de fraises des bois etc.